dimanche 22 mai 2011

Vincent Mc MORROW


Depuis quelques années, le folk britannique a régulièrement trouvé le chemin des charts – des grandiloquents Mumford & Sons à la tiède Laura Marling. Mais il a souvent peiné à trouver sa voie et sa voix. Certes, Noah And The Whale ou Johnny Flynn ont oeuvré pour la beauté et la quiétude distinguée, en restaurant quelques anciens grimoires abandonnés dans la nature anglaise par les illustres aînés de Fairport Convention ou Nick Drake. C’est à cette dynastie de chanteurs fiévreux et épanouis qu’appartient l’Irlandais James Vincent McMorrow, dont la voix a subi le terrible et merveilleux apprentissage du hardcore – il a ainsi longtemps hurlé par dessus sa batterie en singeant At The Drive-In ou Fugazi. Comme Elliott Smith en marge d’Heatmiser, comme Bob Mould en douce de Hüsker Dü, comme Troy von Balthazar dans le dos de Chokebore, sa voix en est revenue apaisée mais éraflée, plaintive mais majestueuse quand plus rien ne la force à hurler. On conseille cette école de la violence et de la douleur à tous les chouineurs, tous les ouin-ouin que le folk américain produit à la chaîne, tous barbus et barbants à l’identique. Une autre particularité du jeune Irlandais réside dans la richesse, et pourtant l’économie, de ses arrangements, de ses textures : on entend clairement ce qui fut mais n’est plus, par souci d’efficacité, dans ces chansons soumises à l’évidence à toutes les additions, puis aux plus impitoyables soustractions. On comprend ainsi parfaitement ce qu’il veut dire quand il cite Pharrell Williams comme modèle : pas, bien entendu, pour des beats – absents – ou des loops – introuvables. Mais pour cette façon de réduire la musique au strict et monumental minimum, de la débarrrasser des parasites et pollutions en un folk qui connaît intimement les délices et vertiges de la pop, à l’image du tubesque Sparrow & the Wolf ou du chimérique If I Had a Boat. Cocoon s’est trouvé là une bonne raison pour, comme chantait Bourvil, s’offrir une ballade irlandaise.' (les inrocks)

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